Introduction aux Kanji

Les kanji représentent à la fois toute la beauté et la complexité de la langue japonaise. Bien souvent, ils font peur ne serait-ce que du à leur grand nombre (on dénombre en effet plus de 50 000 !!) ou à leur forme (un kanji à 84 traits !!). Il ne faut pourtant pas avoir peur, une fois plongée dans leur apprentissage, on se rend vite compte que ce n'est pas si compliqué que ça, c'est surtout time consuming comme dirait les anglais. Alors, c'est parti démystifions tout ça !

L'histoire derrière tout ça

Les kanjis (漢字) sont des caractères ou idéogrammes empruntés aux chinois. En effet, jusqu’au Vème siècle, les japonais ne possédaient pas de système d’écriture et leur langue était uniquement orale.

À cette époque, la Chine est un pays très influent et doté d'une avance technique supérieure aux autres pays. Et c'est petit à petit que les japonais vont finir par adopter le système d'écriture des chinois à savoir, les idéogrammes ou kanji. Mais, ils vont le faire en adaptant la prononciation des kanji à la langue japonaise.

Vers la fin du VIIIème siècle, les japonais commencent à s'écarter des chinois et de leur culture. En effet, la plupart des idéogrammes chinois utilisés comportaient un grand nombre de traits, c'était fastidieux d'écrire par cette méthode. C'est pourquoi, vont naître deux nouveaux systèmes d'écriture basés sur l'écriture phonétique des idéogrammes chinois que l'on appelle kana. C'est la création des hiraganas et katakanas (si vous voulez en apprendre plus sur le sujet, je vous laisse lire mon introduction).

L'origine du mot Kanji

Le mot « kanji » est composé des deux kanji suivants: 漢字 (かんじ). On retrouve en premier, l'idéogramme signfiant Chine 漢 et se prononcant かん (kan). Ensuite vient le kanji signfiant caractère 字 et qui se prononce じ (ji). Littéralement, le mot signifie des "caractères chinois" ou "sinogrammes".

Une caractéristique remarquable des kanjis est le lien existant entre chaque signe. Qu'on lise un idéogramme seul ou dans un ensemble, bien souvent on est capable de deviner un sens, notamment grâce à leur nature logographique. Prenons par exemple le kanji du feu : 火 (hi), si on associe ce dernier au kanji de la fleur : 花 (hana), on obtient alors "une fleur de feu", ce qui nous donne donc un feu d'artifice 花火 (hanabi, petit jeu de société vraiment sympa au passage).

Néanmoins, dans la pratique ordinaire de la langue, les mots et le contexte dictent directement les caractères à utiliser, sans qu'il soit nécessaire de se préoccuper outre mesure de leurs sens intrinsèques. Le plus important pour lire et écrire le japonais est donc de connaitre les lectures des kanjis. En principe, chaque kanji possède une ou plusieurs lectures qui peuvent avoir en commun un ou des sens.

Furigana

Parfois, on utilise des hiraganas ou katakanas de petite taille au-dessus (écriture horizontale) ou à droite (écriture verticale) des kanjis pour en spécifier la lecture. Ces caractères sont appelés des furigana (振り仮名). Les furigana sont en particulier utilisés pour indiquer la lecture non officielle (c'est-à-dire absente de la liste des jōyō-kanji) d'un kanji officiel, la lecture d'un caractère non officiel, ou encore la lecture difficile d'un nom propre (prénom, nom de lieu, etc.).

Dans les textes officiels, les éléments non officiels doivent être accompagnés de furigana ou être remplacés par des kanas ; dans les publications pour enfants, un large usage des furigana est fait, du fait que les enfants ont généralement des capacités à lire les kanjis plus limitées que les adultes.

Des kanas situés après le kanji ou le mot en question, entre parenthèses ou dans une police de taille inférieure, peuvent aussi faire office de furigana.

Okurigana

Les okurigana (送り仮名 - "kanas qui accompagnent") correspondent à des hiraganas rajoutés à la suite des kanjis pour écrire la partie variable des adjectifs et des verbes.

Ils servent à indiquer :

  • Une conjugaison : 行きます (ikimasu) : je vais
  • L’okurigana contient le temps (présent, passé…) : 行きました (ikimashita) : je suis allé
  • Une prononciation
  • Pour certains mots, le kanji est le même et seul l’okurigana permet de faire la différence.
    • 来る (kuru) : venir
    • 来ない (konai) : ne pas venir

Règle principale lors de la lecture de kanji

  • Quand un kanji est utilisé seul, on le lit dans sa lecture kun-yomi (c'est-à-dire purement japonaise).
  • Quand on combine 2 kanji ou plus pour créer un mot, ils sont lus dans leur lecture on-yomi (c'est-à-dire sino-japonaise)

Exemple :

  • 白 (blanc) : ハク(haku), しろ(shiro)
  • 鳥 (oiseau) : チヨウ(chyo), とり(tori)
  • => 白鳥 (cygne) : ハクチヨウ (hakuchyo)

Règles annexes

Première règle

Dans un mot sino-japonais, il va arriver que le premier kana du second kanji prenne un accent pour faciliter la prononciation. On appelle cela un rendaku.

Exemples :

火 (feu) : カ(ka), ひ(hi)
山 (montagne) : サン(san), やま(yama)
=> 火山 (volcan) : カザン (kazan)

死 (mort): シ(shi), しぬ(shinu)
神 (dieu): シン(shin), かみ(kami)
=> 死神 (dieu de la mort): しにがみ (shinigami)

手 (main): シュ(shu), て(te)
紙 (papier): シ(shi), かみ(kami)
=> 手紙 (lettre): てがみ (tegami)

Seconde règle

Dans un mot sino-japonais, il va arriver parfois que le second kana du premier kanji devienne une pause toujours pour faciliter la prononciation.

Exemple :

  • 楽 (musique) : ガク(gaku), たの.しい (tano.shii)
  • 器 (instrument) : キ(ki), うつわ(utsuwa)
  • => 楽器 (instrument de musique) : ガっキ (gakki)

Les listes officielles de kanjis

Afin de structurer l'apprentissage de la langue japonaise, le gouvernement japonais a classé les kanji en groupes. On retrouve ainsi plusieurs listes de kanjis officielles :

  • Les gakushū kanjis : au japon l'école primaire dure 6 ans, durant cette période les écoliers doivent apprendre une liste de 1 006 kanji qui prescrit quels kanji un écolier japonais doit apprendre à chaque année de l'école primaire. On appelle communément kyōiku kanji (教育漢字, littéralement « kanji de formation ») ou gakushū kanji (学習漢字, « kanji d'étude ») cette division. Ces 1 006 kanjis sont donc répartis en 6 groupes, de taille modeste au départ (80 kanjis) puis 160 en seconde année et 200 pour la troisème et quatrième année, 185 en cinquième année, et enfin 181 en sixième année.
  • Les jōyō kanjis (常用漢字) : ce sont 1945 kanji ayant été décrétés d'usage commun (ou courant) par le Ministère de l'Éducation japonais le 10 octobre 1981. Ce sont les kanjis que doivent maitrisés les japonais en sortant du collège. Ces listes n’imposent aucun ordre de présentation, ce qui explique qu’il diffère selon les livres.

Conclusion

Pour apprendre les kanji, il n'y a pas de secrets, ça va être du travail et encore beaucoup de travail, par contre là où on va pouvoir gagner du temps c'est sur les outils que l'on va utiliser pour progresser, je vous ai écrit deux articles qui pourraient vous intéresser: